« 51% des Français sont en surpoids », explique un professeur en cardiologie


​On ne pratique pas assez d’activité physique, en France, quel que soit notre âge. Et cette tendance ne fait qu’empirer, à l’ère des écrans partout, tout le temps. Plusieurs médecins, dont le professeur François Carré, lancent un appel pour que le sport devienne une grande cause nationale, et l’un des principaux thèmes de l’élection présidentielle 2022.

Et si le sport devenait (enfin) une grande cause nationale ? Voire, l’un des thèmes de la prochaine élection présidentielle, en avril 2022 ? C’est ce qu’espèrent le professeur François Carré, cardiologue et physiologiste du sport, et Hubert Crespel, kinésithérapeute du sport et Ostéopathe, intervenus durant une conférence de l’association Cardiac des Monts, à Valognes (Manche), lundi 26 juillet 2021.

Cette association fondée par Laurent Dubost, ancien pilote automobile, greffé des valves cardiaques en 2017, réunit médecins, cardiologues, sportifs et dirigeants d’entreprises apportant un regard et des solutions pouvant améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d’une pathologie cardiaque.

« Un enjeu de santé publique »

Le vécu de Laurent Dubost, président-fondateur de Cardiac des Monts, est parlant. « En 2018, je montais le Ventoux en voiture, et j’étais frustré de voir tous ces cyclistes le grimper, raconte-t-il. Je me suis mis en tête de refaire du vélo. Je roulais lentement, et petit à petit, j’ai augmenté le rythme. Pour aller plus loin, j’ai roulé à vélo électrique pour me faire plaisir et éviter tout danger cardiaque. »

Un engouement commence à naître autour de son association, qui porte un projet sociétal important. « Aujourd’hui en France, 1,5 million de personnes souffrent de cardiaques en France, ajoute Dubost. C’est un véritable enjeu de santé publique. »

Un problème d’éducation et de culture, en France

Une ligne aussi claire que logique. Pourtant, en France, il est (très) difficile de faire entendre ce message. Plusieurs raisons à cela : « Dans le milieu scolaire, existe l’éducation physique et sportive, mais nous ne faisons pas d’éducation au sport, avance Hubert Crespel. Quand vous apprenez tôt quelque chose, vous ne l’oubliez pas. Et si vous donnez le goût de l’effort avec le plaisir, ce sera une réussite. L’éducation de nos enfants passe par un triptyque : sport, alimentation et repos. »

Et puis, culturellement, notre pays n’est pas vraiment un féru de transpiration. « Nous sommes des cartésiens, avec le cerveau d’un côté et le corps de l’autre, résume Carré. Il faut savoir que, en moyenne, les enfants pratiquant une activité physique ont de meilleurs résultats que ceux qui n’en font pas. Un message que nous avons malheureusement du mal à faire passer auprès de l’Éducation Nationale. À l’école, dès qu’on manque de temps pour suivre le programme scolaire, c’est le temps d’EPS qui sert de variable d’ajustement… »

La responsabilité des parents

L’État est pointé du doigt. Les parents aussi. « Les parents sportifs engendrent des enfants sportifs, dit Crespel. Il faut changer la mentalité de la majorité des parents : assurer le bien-être de leurs enfants ne consiste pas à les mettre devant les écrans. »

Le professeur Carré avance d’ailleurs un chiffre préoccupant : « L’espérance de vie en bonne santé baisse dans tous les pays, même dans les mieux placés, comme la Hollande et l’Europe du Nord. Elle est désormais de 71 ans en Suède. En France, entre 62 et 64 ans ! Pour une espérance vie totale égale. L’activité physique des jeunes baisse et s’explique partout par une raison : l’omniprésence des écrans et le manque d’éducation au sport. Un enfant qui ne bouge pas deviendra un adulte, puis un parent, qui ne bouge pas. »

« Rien ne peut limiter toute activité »

Le rapport à l’activité physique au quotidien souffre donc de nombreux obstacles. Rien n’est pire que l’immobilisme, même pour les personnes âgées. En ce sens, les deux hommes s’accordent sur le fait que le vélo à assistance électrique est une révolution, permettant à quiconque de rouler sans danger.

Mais, comme tout, l’activité physique doit se faire sans excès. « Pour celles et ceux n’ayant jamais fait de sport, il faut apprendre à en faire, rappelle Crespel. La pratique doit être raisonnée, chacun doit s’entraîner à sa mesure. » Et ne jamais oublier que l’on peut faire de l’activité physique à tout âge. « Rien ne peut limiter toute activité, il faut simplement en trouver une qui convienne à chacun », abonde François Carré.

« Une bombe à retardement pour nos gamins »

La crise sanitaire du Covid-19 a servi de révélateur quant à l’importance du sport-santé. « Les gens en bonne santé ont connu des formes moins graves de la maladie », insiste Carré. Alors, tous espèrent que la place du sport-santé dans notre société prendra de l’ampleur au cours des prochains mois.

« Ça devrait être l’un des principaux thèmes de la prochaine élection présidentielle, lâche François Carré. Nous sommes aujourd’hui face à une bombe à retardement pour nos gamins : l’infarctus du myocarde avant 30 ans devient la première cause d’arrêt cardiaque à Paris et en Ile-de-France. Lorsque j’étais étudiant, c’était avant 40 ans. Ça signifie que les jeunes de 12 ans, actuellement, préparent déjà leur infarctus. Et cette bombe coûtera une fortune à notre société, qui ne pourra plus payer. Rendez-vous compte que nous avons désormais des diabétiques dès l’âge de 14 ans. »

L’ennemi public numéro un étant, sans surprise, le surpoids. « 51 % de la population française est en surpoids, souligne Carré. C’est donc devenu la norme, une norme qu’il va bien falloir stopper. Les candidats à la présidentielle 2022 qui aborderont le sport-santé auront pris conscience de la problématique actuelle. »

Source : Ouest France – https://amp-ouest–france-fr