Les jeunes Français font-ils « moins de sport » que ceux d’autres pays ?


Le ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports a affirmé que la pratique sportive en France était « moins forte » qu’au sein d’autres pays, notamment pour les jeunes. Ce constat est partagé par l’Organisation mondiale de la santé, qui classe la France au 119e rang mondial pour l’activité physique.

Après les Jeux olympiques de Tokyo, place à ceux de Paris. Le ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, Jean-Michel Blanquer, était présent, dimanche 8 août, sur la place du Trocadéro, alors que se déroulait la passation olympique entre les deux capitales. L’occasion pour le membre du gouvernement de rappeler les objectifs de médailles et d’augmentation de la pratique sportive en France à l’approche des JO de 2024.

« Nous savons que la France [du point de vue de l’activité sportive] a encore des progrès à faire. On a une tradition qui est moins forte que d’autres pays », a regretté Jean-Michel Blanquer sur le plateau de franceinfo installé face à la tour Eiffel. Le ministre a notamment attiré l’attention sur la sédentarité des jeunes. « Il y a deux choses qui baissent malheureusement dans le monde entier à l’âge de 11 ans : c’est la lecture et l’activité physique. A cause des écrans essentiellement. » Des propos réitérés sur Europe 1 lundi, et que franceinfo a souhaité vérifier.

La France, 119e du classement mondial de l’activité physique des adolescents

La France est-elle véritablement à la traîne au niveau de la pratique sportive ? L’Organisation mondiale de la santé (OMS) le confirme : le pays se situe en queue du classement international de l’activité physique des jeunes établi par l’OMS en décrochant la 119e place sur 146 pays, selon une étude publiée en 2019 au sein de la revue The Lancet (PDF en anglais).

Selon ce travail de recherche, 87% des adolescents français de 11 à 17 ans avaient un temps quotidien d’activité physique inférieur à une heure en 2016, contre 81% au niveau mondial. Chez les adolescentes, ce taux monte même à 91,8%. Et la situation du pays a empiré : en l’espace de quinze ans, la part d’adolescents insuffisamment actifs s’est accrue de près d’un point.

La France fait ainsi figure de championne de l’inactivité physique, loin derrière les Etats-Unis ou des pays du Sud tels que l’Inde, le Bangladesh ou encore le Bénin. Parmi les pays occidentaux, seuls l’Italie, l’Australie et la Nouvelle-Zélande font moins bien que la France.

Les écrans dans le viseur

Interrogée par franceinfo en 2019, l’autrice de l’étude, Regina Guthold, pointait  notamment du doigt la mise à l’écart de l’éducation physique et sportive au sein des écoles françaises. « Les mathématiques, le français, les langues… Il y a beaucoup plus d’importance mise sur ces sujets-là que pour l’activité physique », décrivait la chercheuse de l’OMS. « En France, je sais que les enfants vont à l’école du matin jusqu’au soir. Ils reviennent à la maison, ils ont des devoirs à faire. Comment peuvent-ils faire une heure d’activité physique chaque jour si toute la journée est pleine ? »

L’usage des smartphones, des tablettes et autres « écrans » nuit-il pour autant à l’activité physique des jeunes, comme le suggère Jean-Michel Blanquer ? Sur ce point, « les conclusions des différents travaux (…) sont divergentes et n’apportent pas de consensus », reconnaît un rapport du Haut Conseil de la santé publique rendu en 2019 qui a compilé plusieurs travaux de recherche sur la question.

L’instance ministérielle confirme de plus « une association entre le temps passé devant les écrans et le surpoids [et] l’obésité des enfants et des adolescents », notamment le visionnage de la télévision qui peut être « associé à des prises alimentaires augmentées, un temps de sommeil réduit et une qualité de sommeil altérée. »

Un risque sanitaire « préoccupant »

Que le premier soit ou non la cause de la seconde, le temps important passé devant les écrans et la faible activité physique sont les deux ingrédients d’un cocktail dangereux pour les jeunes. En particulier pour les deux tiers des adolescents français de 11 à 17 ans, qui passent quotidiennement plus de deux heures devant les écrans et pratiquent moins d’une heure d’activité physique. Pour eux, le risque sanitaire est « préoccupant », juge l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dans une évaluation de risques sanitaires publiée en 2020.

La situation s’est d’ailleurs détériorée en raison des confinements successifs, imposés pour faire face à l’épidémie de Covid-19. La moitié de la population a ainsi réduit son activité physique durant le premier confinement, et six personnes sur 10 ont passé davantage de temps devant les écrans, s’inquiétait Santé publique France dans une enquête en 2020.

« La sédentarité représente l’un des principaux facteurs de risque de mortalité liée aux maladies non transmissibles », rappelle en effet l’OMS, qui souligne un risque de décès majoré de 20% à 30% en cas d’inactivité physique. Amélioration de la condition physique (notamment cardiorespiratoire), bénéfices pour la santé mentale, réduction du risque de cancer… L’organisation rappelle qu’« une activité physique d’intensité modérée ou soutenue a des effets bénéfiques sur la santé ».

Source : Franceinfo – https://www.francetvinfo.fr