Continuer à bouger, même chez soi, au temps du coronavirus


Alors que la pandémie de Covid-19 chamboule la vie quotidienne de millions de Français, les spécialistes insistent sur la nécessité de rompre les temps de sédentarité.

La situation est inédite, sidérante. L’annonce, jeudi 12 mars, de la fermeture des crèches et établissements scolaires… puis, deux jours plus tard, l’extension de ces mesures à tous les commerces non alimentaires, hors pharmacies, pour limiter la propagation du nouveau coronavirus, a été comme un électrochoc.

La consigne est désormais de rester le plus possible à domicile. « Cela nous amène à revoir notre façon de vivre, de travailler et de se déplacer », souligne Anne Vuillemin, professeure des universités en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) à l’Université Côte d’Azur.

Dans un tel contexte, penser à faire du sport ou juste à bouger peut paraître dérisoire. Il est pourtant primordial, pour sa santé physique et mentale, de continuer à le faire, et de couper les temps de sédentarité qui s’annoncent importants.

Depuis lundi 16 mars, des millions d’enfants, d’adolescents, d’étudiants se retrouvent chez eux. C’est le cas aussi de millions de salariés en télétravail, les conduisant les uns et les autres à rester plus de temps assis derrière leur écran, pour travailler ou s’occuper l’esprit. Les temps de transport étant supprimés, « toute rupture de sédentarité est bonne à prendre », insiste Mme Vuillemin.

« Il faut essayer de ne surtout pas accroître sa sédentarité », abonde David Thivel, membre du conseil scientifique de ­l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps). Les effets délétères de ce temps passé assis ou allongé pendant la période d’éveil ont été bien montrés. L’endocrinologue James Levine, spécialiste de l’obésité de la Mayo Clinic (Etats-Unis), a mis en évidence le rôle fondamental du NEAT (non-exercise activity thermogenesis), ces dépenses énergétiques non sportives correspondant à tous les petits gestes du quotidien, et leur chute libre dans nos sociétés modernes.

Du ping-pong sur son bureau
Dans son appartement, on peut faire des pauses actives, se lever le plus souvent possible, marcher chez soi, faire des exercices d’assouplissement et, pourquoi pas, danser.

Christèle Gautier, chef de projet Stratégie nationale sport santé à la direction des sports, appelle elle aussi à « lutter contre la tentation du canapé, par exemple, lorsqu’on regarde la télévision, se mettre debout, se lever toutes les heures, et cela pendant au minimum deux minutes, pour faire des exercices ». Elle préconise de mettre une alarme sur son téléphone, pour rendre cela plus ludique.

Les enfants doivent continuer à se dépenser, à transpirer. « L’enjeu, en particulier pour les plus jeunes, est de garder le moral, de rester de bonne humeur, d’assurer un état d’éveil du cerveau pour bien travailler dans la journée et un état de fatigue physique suffisant en fin de journée pour parvenir à s’endormir. Il faut ancrer ces habitudes dans un quotidien inhabituel », détaille Mme Gautier, qui conseille de lancer des défis, sous forme de jeux, pour inciter les adolescents à bouger. Des tutoriels en ligne existent déjà de longue date pour faire des activités sportives chez soi. D’autres initiatives pourraient voir le jour rapidement du côté du monde associatif du sport. Thibault Deschamps, conseiller pour le ministère des sports, insiste par ailleurs sur les bienfaits de l’exercice sur le stress, le moral…

A défaut de faire ses séances habituelles dans son club ou sa salle de sport, et si l’on ne peut plus aller marcher ou courir dehors, on peut toujours être inventif sans beaucoup de matériel : imaginer un parcours dans l’appartement, transformer un bureau en table de ping-pong… Sans aller jusqu’à parcourir l’équivalent de 50 km autour de sa pièce de vie, comme l’a fait Pan Shancu, un marathonien habitant la ville de Hangzhou, en Chine, il est possible, dans ces temps troublés, de continuer à effectuer ses 10 000 pas par jour et plus. Chiche.

Source : Le Monde – https://www.lemonde.fr