L’activité physique chez les jeunes lors du premier confinement


Tout le monde reconnaît que la pratique régulière de toutes sortes d’activités physiques et sportives (APS), et ce au moins 60 minutes à intensité modérée par jour, permet à un enfant de bien grandir et d’être en pleine forme.

Courir, sauter, lancer, grimper, pédaler, nager… va lui permettre d’acquérir les bases fondamentales de la motricité, c’est-à-dire d’être adroit et coordonné, d’avoir de la force, de l’endurance et le sens de l’équilibre. Or le confinement du mois de mars 2020 a profondément modifié notre style de vie. Durant 55 jours, c’est toute la population française, enfants et adolescents compris, qui a été considérablement impactée sur ses activités physiques et sportives, ainsi que sur ses comportements sédentaires.

Alors qu’en est-il concrètement du niveau d’activité physique (AP) et de sédentarité des jeunes pendant ce premier confinement ? Au-delà de l’impact psychologique et social, cette mesure restrictive ne risque-t-elle pas de porter atteinte au développement de la motricité des enfants ?

Chez les enfants de moins de 6 ans
Dans son rapport de 2020, l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps) a publié une enquête menée chez 348 enfants de moins de 6 ans. Au-delà de l’arrêt total d’APS en club et à l’école, 25 % de ces enfants ont réduit leur temps quotidien de jeux actifs durant le confinement. Environ un quart ont maintenu un engagement similaire et un peu plus de la moitié l’auraient augmenté. Notons que 62 % des enfants vivant dans un espace rural ont accru leur niveau d’AP, pour seulement 36 % de ces jeunes vivant en ville. De la même manière, une proportion plus importante d’enfants ayant accès à un espace extérieur a maintenu ou augmenté son temps d’AP. Cette enquête nous renseigne aussi sur le temps d’écran qui, quant à lui, a bondi chez 60 % de ces enfants, et ce indépendamment de la situation géographique du domicile ou de la possibilité d’accéder à une aire de jeu extérieure. Plus d’un parent sur deux admet que leur obligation d’effectuer leurs tâches professionnelles en télétravail a eu un lien sur l’augmentation du temps d’écran de leurs enfants puisqu’il est difficile de prendre soin d’eux tout en vacant à son activité professionnelle.

Chez les jeunes de 6 à 17 ans
Durant le confinement, et toujours selon le Report Card 2020 de l’Onaps, 42 % des enfants de 6 à 10 ans et près de 60 % des adolescents ont baissé leur niveau d’AP durant le confinement. Comme chez les plus petits, habiter en ville et ne pas avoir accès à un espace extérieur a également provoqué une chute de l’AP. 62 % des enfants et près de 70 % des adolescents ont élevé leur temps d’écran durant le confinement. L’augmentation est encore plus importante chez les enfants et adolescents qui outrepassaient déjà les recommandations avant le confinement.

Conséquences à court terme
Comme nous pouvions l’imaginer, le confinement a accéléré et accru une chute de l’AP et une augmentation de la sédentarité chez les jeunes. Ce phénomène est déjà remarqué depuis des années, bien avant l’apparition de la COVID-19. Or, la petite enfance, l’enfance et même l’adolescence sont des périodes décisives pour le développement du cerveau, du système nerveux et, par extension, de la motricité. En effet, il est démontré que la taille du système nerveux central atteint 95 % de sa taille adulte vers 7 ans. La maturation de ce système est dépendante de la myélinisation des fibres nerveuses. Cette myélinisation du système nerveux central et périphérique est plus importante pendant l’enfance et l’adolescence. Et pour développer convenablement ses aptitudes motrices et cognitives, il paraît capital que l’enfant puisse jouer, courir, sauter, lancer, grimper, pédaler, nager… La Pr Martine Duclos ajoute qu’elle « voit par rapport aux enfants du même âge l’année dernière, qui avaient une scolarité normale, une augmentation de l’indice de masse corporelle, une diminution de leur capacité physique de 40 %, en particulier leur capacité en endurance et en coordination, et une diminution de leur capacité intellectuelle ». Au-delà de l’impact psychologique et social, un manque d’exploration physique durant l’enfance ruine ainsi les fondations de la motricité.

Conséquences à long terme
Les conséquences vont au-delà de l’impact sur la motricité puisque le manque d’AP dans l’enfance pourrait impacter aussi la santé des jeunes. Par exemple, selon Sébastien Ratel « si l’enfant ne bouge pas suffisamment et ne développe pas ses qualités d’endurance, il va ensuite mal récupérer de tout effort. De plus, on sait aujourd’hui qu’il y a un lien étroit entre le potentiel aérobie, qui est lié à la consommation d’oxygène, et des pathologies métaboliques associées telles que le diabète, l’insulino-résistance et toutes les pathologies cardio-vasculaires ». Il est aussi démontré qu’un enfant inactif sera vraisemblablement demain un adulte qui n’atteindra pas les recommandations en AP.

Conclusion
Comment s’étonner que les jeunes aient diminué leur temps d’activité physique et augmenté leur temps d’écrans durant ce confinement alors qu’ils ne respectaient déjà pas, dans la plus grande majorité, les recommandations. Ce confinement a mis encore plus en lumière l’importance de favoriser l’accès à des aires de jeux extérieures sécurisées, notamment en ville. Il ne fait malheureusement aucun doute qu’une telle détérioration des comportements actifs et sédentaires des plus jeunes risque d’avoir des implications sanitaires et comportementales dans les années à venir. Il est donc important, en cette période de pandémie, de prendre soin de nous et des générations futures. Parents, grands-parents, oncles, tantes, encourageons les enfants à pratiquer une activité physique régulière ! Mettons à disposition du matériel sportif (corde à sauter, raquettes, balles, musique), accompagnons ces jeunes, pratiquons en famille. C’est indispensable, tant pour leur bien- être physique et mental, que pour leur développement cognitif et moteur. Au final, pratiquer une activité physique est primordiale pour l’enfant mais aussi pour l’adulte afin de prévenir toutes sortes de maladies non transmissibles.